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Le grand Livre
240 pages • Dernière publication le 27/03/2024

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HISTORIQUE & ARCHIVES / Histoire de la mise en scène / Page 49 • Publiée le 13/02/2018

Jacques Copeau, l'anti naturaliste

« Dans l’histoire du théâtre français, il y a deux périodes : avant et après Copeau », Albert Camus.

 

Jacques Copeau (1879-1949), qui a participé aux côtés de Gallimard et de Gide à la création de la N.R.F, vient au théâtre par une « impulsion de moralité littéraire ». Egalement critique dramatique, il est révolté par ce qu’il voit sur les scènes parisiennes. « Partout veulerie, désordre, indiscipline, ignorance et sottise, dédain du créateur, haine de la beauté… ».

En 1913, il fonde le théâtre du Vieux-Colombier et s’attache à la rénovation de l’art théâtral, par ses méthodes de formation de l’acteur (dénonçant le cabotinage fruit d’une formation artificielle et sommaire), par sa conception d’un répertoire au service du texte dramatique. Il a surtout rappelé que le metteur en scène devait être un créateur au service d’un texte.

C’est l’affirmation esthétique d’un théâtre comme un art véritable. Pour aborder le théâtre dans tous les aspects, il va être éclectique dans ses choix, farces, tragédies, du classique, du moderne, revenant aux sources traditionnelles les plus pures (tragédie grecque, commedia dell’arte, théâtre élisabéthain). Dans son désir de rénover l’art dramatique et la mise en scène, il rallie à son combat « moral et esthétisme » des acteurs comme Louis Jouvet, Charles Dullin, Valentine Tessier

Jacques Copeau accorde au texte dramatique la première place. Copeau tient au dépouillement avant tout et à la liberté totale du metteur en scène par rapport à l’œuvre du moment où il la sert au mieux. C’est à partir du texte que doivent dépendre les choix, et non pas à partir de ce qu’il considère comme des systèmes extérieurs à l’œuvre, le naturalisme ou le symbolisme… Car Copeau, même s’il reconnaît qu’Antoine a apporté une nouvelle vision théâtrale, n’en reste pas moins un farouche opposant du naturalisme.

«… le naturalisme pesait d’un poids mortel sur l’inspiration dramatique. Il avait rendu la scène inhabitable à la poésie, en la surchargeant de matériel et d’accessoires, en exploitant jusqu’à l’absurde ce qu’il croyait être le progrès de la mise en scène… »

Pour lui, le théâtre est avant tout un texte, des acteurs et un plateau nu.

« Pour l’œuvre nouvelle, qu’on nous laisse le tréteau nu ! »

En adaptant le principe du tréteau, il bouleverse l’ordonnance scénique du Vieux-Colombier, élaboré avec l’aide de son régisseur, Louis Jouvet.



Tout le soin du metteur en scène doit se concentrer sur la construction des personnages, de dessiner leurs relations, d’imprimer le rythme approprié et surtout de « susciter la vie ».

En s’installant en Bourgogne (1924-1926), avec sa troupe des Copiaus, il veut « un théâtre pour poétiser la campagne, pour réunir paysans, bourgeois, lettrés et châtelains, pour établir comme jadis le théâtre grec, une communication entre eux et la terre qu’ils habitent ». Cette aventure porte en elle les promesses de la décentralisation.

Sa place dans le théâtre français est telle qu’à la libération, en 1944, le Ministère du travail demande à Jacques Copeau de prendre en main la rénovation du métier en fondant un syndicat chargé d’écrire une convention collective. Copeau, étant déjà très malade, décline donc la proposition ministérielle en recommandant ses disciples bien connus, Louis Jouvet, Charles Dullin, Gaston Baty. Ces derniers lui rendirent hommage en l’inscrivant comme Président fondateur comme eux.

Marie-Céline Nivière

Sources : « Histoire du théâtre dessinée », André Degaine (Edition Nizet).
« Qu’est-ce que le théâtre ? », Christian Biet, Christophe Triau (Edition Folio Essais, 2006)
« Dictionnaire encyclopédique du Théâtre », dirigé par Michel Corvin. (Edition Bordas, 1991).
« Les nouveaux cahiers de la Comédie-Française – Jacques Copeau » (Cahier n°12, La Comédie-Française, Avant-scène théâtre).
« Un été 1913, au Vieux Colombier Jacques Copeau veut réinventer le théâtre », article de Fabienne Pascaud, Télérama.
Texte de Claude Sicard, professeur émérite à l’Université de Toulouse-Le-Mirail pour les célébrations du cinquantenaire du décés de Jacques Copeau. (http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations)/copeau.htm.



Mots clés :

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