Le grand Livre
240 pages • Dernière publication le 27/03/2024
Dans le cadre de son Action culturelle,
la SACD soutient la création de cet ouvrage
2019 (1er janvier) éditorial du nouveau président, Guy Pierre Couleau
Chères et Chers camarades,
Avant de présenter ma candidature au conseil d’administration de notre syndicat, je me suis interrogé sur deux notions : le bien commun et le droit culturel.
Nous vivons un temps de grande confusion et de profonde division dans notre pays. Ce qui fonde notre communauté semble de plus en plus fréquemment mis à mal et avec une violence accrue. La fraternité est un mot qui souffre de fréquentes atteintes et il n’est pas un jour sans que les incivilités et les égoïsmes ne prennent le dessus sur ce qui pourrait nous permettre de vivre ensemble. Au moment où l’Europe se trouve fragilisée par les replis sur soi et les extrémismes, il est certainement urgent de nous demander pourquoi nous voulons encore faire de l’art et pourquoi particulièrement avec le spectacle vivant. Travailler au bien commun est une vertu qui guide les artistes depuis toujours. Et le théâtre, qui est avant tout une aventure collective, puise en cette communauté sa force autant que sa nécessité.
Mais il est une autre question qui se pose à nous : celle de l’égalité devant la pratique culturelle. Nombreux sont ceux parmi nos concitoyens qui se trouvent encore empêchés de fréquenter les opéras, les théâtres, les ballets, les cirques, le cinéma. Ce qu’il est convenu de nommer la démocratisation de la culture doit maintenant se penser en terme de droit. Car tout un chacun dans notre société doit avoir droit à une pratique culturelle, autant qu’il a droit à la santé, à l’éducation, à la justice. Là aussi, les artistes que nous sommes ont un rôle à jouer par nos travaux, en transmettant la réalité de notre métier, en valorisant sa place dans le corps social, en déclarant que l’art est pour le plus grand nombre.
Enfin, il n’est de société démocratique que par la liberté de penser et la pluralité des expressions. Notre syndicat travaille depuis bientôt 75 ans à préserver la liberté des artistes, cette liberté de création qui nous est d’autant plus chère qu’elle est aujourd’hui partout menacée dans le monde. Au moment de la grande négociation européenne sur le droit d’auteur, notre syndicat est en première ligne de ce combat, car la juste rémunération des œuvres est garante de la diversité des expressions artistiques.
De nombreux chantiers nous attendent donc et je compte sur votre soutien, votre énergie, votre dynamisme à tous pour que nous puissions développer notre action, la rendre plus visible et travailler par l’art au progrès de notre société. Notre syndicat est l’espace de représentativité, de solidarité et d’expression de tous les metteuses et metteurs en scène, par delà les générations et les esthétiques. Je connais votre engagement et j’ai foi en votre conviction pour que d’autres nous rejoignent en notre œuvre. Nombreux nous serons plus forts, nous serons plus audibles.
Je remercie l’ensemble des membres du conseil d’administration pour la confiance qu’ils m’ont faite en me nommant à la présidence du Syndicat National des Metteurs en Scène. Et je tiens à saluer le formidable travail effectué par mes prédécesseurs, Panchika Velez et Cyril Le Grix ces dernières années.
A l’heure de démarrer cette nouvelle année que je vous souhaite magnifique, je me souviens de ces quelques mots de Louis Jouvet qui nous diront la beauté et la force de notre mission :
« La mise en scène est un état d’esprit.
La mise en scène est une naissance. »
Guy-Pierre Couleau
Le 1er janvier 2019